En matière de diversité linguistique, l’Europe pourrait de prime abord faire figure de mauvaise élève. Si l’on s’en tient en effet aux langues autochtones, elle ne concentre que 3 % des langues parlées dans le monde. Un score qui fait pâle figure face aux 30 % de l’Afrique ou de l’Asie !
Et pourtant, quatre langues européennes figurent dans le top 10 des langues maternelles les plus parlées à la surface du globe : l’espagnol, l’anglais, le portugais et le français. À ces langues nous pourrions même ajouter une cinquième, le russe. Quant aux langues les plus apprises, l’Europe s’attire là encore les honneurs avec par ordre décroissant l’anglais, le français, l’espagnol, l’italien et l’allemand.
Si l’apprentissage de la plupart de ces langues relève d’un intérêt stratégique, la nécessité est loin d’être la seule garante de leur pérennité : elles ont bien d’autres atouts qui justifient leur expansion au niveau mondial.
Concernant le français, des siècles de production intellectuelle abondante ont associé la langue de Molière à l’idée d’un certain élitisme toujours bien vivant dans les esprits de nos voisins. Synonyme d’élégance et d’excellence, la France était l’une des destinations privilégiées du Grand Tour (l’ancêtre d’Erasmus) de la jeunesse noble aux XVIIe et XVIIIe siècles. À la même époque, dans les milieux sociaux privilégiés, lire en français était perçu comme le nec plus ultra du raffinement. Ce prestige linguistique ne semble guère émoussé, puisque le français demeure aujourd’hui la deuxième langue étrangère la plus étudiée dans les collèges de l’Union européenne.
Mais l’apprentissage du français est aussi une histoire de cœur. Son histoire souvent sulfureuse (pensons à la libération sexuelle des années 70), son accent sensuel ainsi que le succès séculaire des états d’âme de Victor Hugo, Chateaubriand ou Lamartine lui valent la réputation de langue la plus romantique au monde. Et quand on sait que 90,5 % des non-francophones se disent prêts à apprendre une langue par amour, il ne fait aucun doute que le français a de beaux jours devant lui.
Le vif intérêt pour le français en dépit de l’ascension fulgurante d’une langue globale est aussi lié au passé colonial de la France. Le phénomène est particulièrement patent en Afrique, où une domination que d’aucuns souhaitaient « civilisatrice » s’est exercée pendant près de 400 ans. De nos jours, le français est toujours la langue officielle de nombre d’États africains, et 59 % des locuteurs quotidiens du français se trouvent sur le continent africain. Avec l’explosion démographique que connaît l’Afrique, les linguistes prédisent que ce pourcentage augmentera de façon vertigineuse dans les prochaines années.
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