Au loin, au coeur de la favela Morro da Providência, s’élève une gigantesque lune qui représente le pouvoir des résidents du quartier, capables d’atteindre leurs objectifs et même de décrocher la lune.
Sous cette sculpture, la Casa Amarela, une résidence artistique atypique. On y croise des petits, des grands, des bénévoles, des oeuvres d’art, des salles de classe… chaque jour depuis 10 ans, la Casa accueille des bénéficiaires de 3 à 70 ans afin de les sensibiliser à l’art et leur donner les clés d’un avenir plus radieux.
Coup de projecteur sur cet incroyable lieu fédérateur avec Nina Soutoul, co-gérante de la Casa Amarela.
Bonjour Nina ! Comment est née la Casa Amarela ?
En 2008, un fait divers glaçant secoue Rio de Janeiro. Une nuit, 3 jeunes d’une favela sont enlevés par la police locale et livrés à une favela ennemie. Là-bas, les adolescents sont tués, avec la complicité de la police. Interpellé par cette nouvelle, le photographe et street artiste français JR se rend au Brésil et fait la rencontre du photographe Mauricio Hora, originaire de la favela la plus ancienne de Rio, Morro da Providência. Ensemble, ils développent des projets artistiques dans la favela dont l’impressionnant “Women are heroes”.
Pour rendre hommage à celles qui occupent un rôle essentiel dans les sociétés, mais qui sont les principales victimes des guerres, des crimes, des viols ou des fanatismes politiques et religieux, JR habille alors l’extérieur du quartier avec ses immenses photos de visages et de regards de femmes, réunissant subitement la colline et le village dans un regard féminin.
En 2009, les deux hommes ouvrent les portes de la Casa Amarela, un centre culturel pour les habitants de Morro da Providência.
Comment fonctionne la Casa, qui sont vos bénéficiaires ?
La maison fonctionne autour de trois piliers fondamentaux : l’art, l’éducation et la culture. Nous accueillons aujourd’hui 50 enfants et adolescents ainsi qu’une quarantaine d’adultes. Des bénévoles proposent à nos bénéficiaires de 3 à 10 ans des cours de yoga, de théâtre et d’art ainsi que des cours de boxe, art thérapie, mode, broderie, design, carpentrie ou cuisine aux adolescents de 10 à 17 ans. Les adultes peuvent quant à eux bénéficier de cours de langues, de français et d’anglais. Les cours d’Art sont également l’occasion pour les artistes locaux d’aborder avec les bénéficiaires des thèmes important tels que celui des traditions et de l’identité au sein de la culture brésilienne, tout en approfondissant leur talent artistique et leur créativité.
Notre enjeux le plus stratégique est de professionnaliser les jeunes au plus tôt. En effet, à partir de 12 ans, beaucoup sombrent dans le trafic de drogues ou tombent enceinte pour les jeunes filles. Notre volonté est de leur donner confiance en eux afin qu’ils puissent lancer leurs propres projets (vêtements, meubles, cours de cuisine…) et vendre leurs produits dans une coopérative locale par exemple.
Côté adultes, et particulièrement les femmes, nous misons également sur la confiance avec des cours thématiques “honor myself” afin qu’elles apprennent à mieux se connaître. Faire venir les adultes à la Casa Amarela fut un vrai défi ces dernières années. La plupart sont fatalistes et ont abandonné tout espoir de se sortir de leur condition. Nos cours d’alphabétisation, de gestion, communication de marketing et même de maquillage ont redonné un nouveau souffle aux adultes.
Quel est l’intérêt pour vos bénéficiaires d’apprendre des langues telles que le français ou l’anglais ?
Chaque année, nous recevons des artistes du monde entier, qui ne parlent pas forcément le portugais. L’apprentissage des langues pour les enfants et adultes permet de faire découvrir la Casa à toutes les personnes de passage, de pouvoir leur raconter leur vie et leur quotidien.
Au sein même de leurs communautés, le tourisme des favelas est également en plein essor. Les locaux souhaitent se positionner en tant que guides et ont besoin de communiquer de manière fluide.
A plus long terme, nous le savons, la maîtrise de plusieurs langues est un atout indéniable dans le monde du travail. Au Brésil, le taux de chômage est élevé et les discriminations à l’embauche sont nombreuses, surtout lorsque l’on vient d’une favela. Se présenter à un entretien avec des bases d’anglais ou de français est un atout énorme.
La Casa Amarela fait partie de notre programme Social Impact visant à soutenir des acteurs engagés dans l’éducation et l’intégration en offrant des formations gratuites d’anglais et de français à leurs bénéficiaires, sans contrepartie. Si ce programme vous intéresse, n’hésitez pas à nous contacter via l’adresse support@gymglish.com.
Découvrez le programme Social Impact
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