C’est un sujet classique qui revient chaque année : le niveau d’orthographe des Français est en baisse.
Quelles en sont les conséquences ? Les réformes ont-elles un réel impact sur la maîtrise de la langue ? Comment se (re)mettre à niveau en orthographe ?
Le niveau d’orthographe, des bancs de l’école jusqu’à l’open space
Le français est une langue difficile. À peine écrit-on depuis quarante-cinq ans qu’on commence seulement à s’en apercevoir.
Colette
Selon le Conseil National d’Évaluation du Système Scolaire (CNESCO), il semblerait que le niveau d’orthographe des jeunes Français commence à baisser dès le CM2. Plus les années avancent et plus ce sujet semble devenir un élément décisif de la scolarité, particulièrement lors de concours d’admissions aux établissements d’enseignement supérieur. L’orthographe devient alors une barrière à l’évolution des élèves, qui accumulent des lacunes jusqu’à l’université.
Arrivées sur le marché de l’emploi, certaines personnes se retrouvent face à des critères de sélection pas toujours explicites. En effet, si les diplômes, années d’expérience, compétences et niveau d’anglais exigés sont souvent des critères de recrutement clairs et annoncés, le niveau d’orthographe est, quant à lui, rarement énoncé.
Un “détail” tacite, mais qui reste l’un des premiers critères d’élimination. Dans sa thèse datant de 2015, Christelle Martin-Lacroux* démontre que 60% des CV et lettres de motivation reçus chaque année ne sont pas retenus en raison de fautes, et que 81% des entreprises considèrent des lacunes en orthographe comme un frein lors de la sélection d’un profil pour un recrutement.
Perçues comme un manque de crédibilité, de motivation, voire de politesse, les fautes sont de plus en plus visibles, particulièrement au sein du milieu professionnel moderne. Rappelez-vous : il y a encore quelques années, les dactylographes étaient très présents en entreprises. Formés à écrire rapidement et sans faute, ces personnes rédigeaient les documents officiels des managers et des dirigeants. Aujourd’hui, soumis à de nouvelles exigences, il est attendu que les managers et plus largement les collaborateurs soient polyvalents (notamment qu’ils rédigent leurs courriels eux-mêmes) et réactifs dans leurs échanges (messagerie instantanée, courriels…).
La discipline, qui auparavant n’était qu’une spécialité d’imprimeur, est devenue aux yeux de tous le premier des signes extérieurs de culture, et son absence un stigmate.
Bernard Traimond, enseignant-chercheur d’anthropologie français
L’orthographe, un marqueur social
La discrimination liée à l’orthographe est-elle apparue à notre époque ? Selon Claude Lelièvre, historien de l’éducation, l’orthographe était déjà un facteur de discrimination au XVIIème siècle.
Cette vision de l’orthographe en tant que marqueur social n’est d’ailleurs pas réservée à la France. De par le monde, l’orthographe a toujours servi à se distinguer socialement ; elle fait partie du patrimoine culturel et est constitutive de notre identité.
La spécificité française pourrait être que la langue est restée particulièrement difficile à écrire, si on la compare à ses langues soeurs ou cousines telles que l’italien ou l’espagnol, qui s’écrivent davantage comme elles se prononcent.
Songez qu’un jeune élève italien met un an à maîtriser l’orthographe de sa langue, tandis que son cousin français en met dix, non pas même pour ne commettre aucune faute, mais pour en commettre le moins possible !
François de Closets
Réforme de l’orthographe : vers une simplification du français ?
La réforme de l’orthographe est un sujet qui a suscité de vives controverses en France. La dernière en date, celle de 1990 (partiellement appliquée en 2016 dans les manuels scolaires !) concernait 2 400 mots, soit 3 à 4 % du lexique français. Durant près de 20 ans, les puristes ont crié au scandale et à l’appauvrissement intellectuel, tandis qu’à travers le monde, des réformes stratégiques ont été menées au sujet de l’anglais, l’espagnol, l’allemand ou le portugais d’une bien plus grande ampleur que la nôtre… sans que cela ne crée de tels troubles.
Si l’on examine dans le détail cette réforme, on remarque qu’elle est très légère et concerne majoritairement les traits d’union (extra-ordinaire devient alors extraordinaire), le pluriel, les accents, le tréma ou encore la simplification des consonnes doubles. Un exemple parlant : girolle perd l’un de ses L pour devenir : girole… peu probable donc que cela nous aide à trouver un emploi !
La réforme de l’orthographe a été présentée par certains comme une avancée pour rendre le français plus facile et donc favoriser l’égalité des chances. Mais cette réforme semble en réalité compliquer plus qu’elle ne simplifie. Comment pallier donc à cette chute du niveau d’orthographe ?
Une idée concrète : se remettre à niveau
Toujours selon François de Closets, auteur de “Zéro faute : l’orthographe, une passion française” publié en 2009, c’est à l’école de modifier ses pratiques. Il est essentiel que les règles de l’orthographe soient acquises avant d’entrer dans l’enseignement supérieur, dès le primaire. Si l’orthographe peine à se moderniser, l’école et la méthode ont en revanche souvent été réformées, mais jamais assez longtemps pour en voir les fruits. L’école peine à mettre en place des initiatives pérennes. À l’apprentissage des règles et à l’acquisition des automatismes, François de Closets suggère d’ajouter le maniement intelligent, en classe, des correcteurs orthographiques et autres dictionnaires électroniques.
Pourquoi pas ! Mais en attendant, que faire pour celles et ceux qui sont déjà passés par la case école et qui sont déjà aux portes de l’enseignement supérieur ou sur le marché du travail ? Si nous attendons que la puissance publique règle miraculeusement le problème ou que l’opinion publique change d’avis sur l’importance de la maîtrise de l’orthographe, nous ne sommes pas près d’intégrer l’université ou l’entreprise de nos rêves.
Dans ce contexte où l’orthographe n’est pas près d’être réellement simplifiée, où l’école et la méthode se cherchent, tandis que la discrimination continue, il nous paraît nécessaire aujourd’hui de prendre son destin en main, quel que soit son âge, son profil académique ou professionnel. D’admettre ses faiblesses, la difficulté de la langue et de se (re)mettre à niveau : prendre des cours d’orthographe, suivre une formation de français expression écrite… Contrairement à beaucoup d’autres, la discrimination à l’orthographe est une discrimination sur laquelle nous pouvons toutes et tous agir.
Maîtriser le français répond donc à une urgence sociale. Notre cours d’orthographe et d’expression écrite Frantastique Ortho est né pour contribuer à cet effort.
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*Maître de conférences en sciences de gestion au Centre d’études et de recherches appliquées à la gestion (CERAG) à l’Université Grenoble Alpes.
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Severine Domise
S’il est vrai que le français est probablement plus compliqué à écrire que ses langues cousines, il n’en est pas moins vrai que les fautes d’orthographe sont monnaie courante dans toutes les langues. En revanche, il est intéressant de se comparer la proportion de fautes d’orthographe dans notre langue natale, et dans une langue étrangère – souvent beaucoup moins. Faudrait-il apprendre le français écrit comme une langue étrangère?
Olivia
Bonjour Severine,
Merci pour l’intérêt que vous portez à notre article. En effet, chaque langue possède ses spécificités et difficultés. D’après une étude, 90% des Français définissent leur niveau d’orthographe comme bon, mais paradoxalement, un Français sur cinq possède un faible niveau de lecture et d’écriture. Chaque langue doit s’apprendre et s’entretenir dans le temps.
L’équipe Gymglish
Thierry Gaillard
Bonjour,
“De par le monde, l’orthographe a toujours servi à se distinguer socialement ;
il fait partie du patrimoine culturel et est constitutif de notre identité.” => orthographe est un
nom féminin donc “ELLE fait partie…et est constitutiVE…
Olivia
Bonjour Thierry,
Merci pour votre remarque, l’article est désormais modifié !
Bonne journée,
L’équipe Gymglish