Figure du dessin de presse en Allemagne, et illustratrice des cours de langues chez Gymglish, Dorthe Landschulz s’est expatriée en Bretagne il y a dix ans pour poursuivre sa carrière de dessinatrice.
Nous avons rencontré la célèbre cartoonist afin de découvrir qui se cache derrière les illustrations de nos cours d’allemand, d’espagnol et d’italien.
Bonjour Dorthe ! Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?
Bonjour ! Je suis née à Hambourg, en Allemagne, et depuis toute petite, je suis passionnée par les arts et le dessin.
J’ai déménagé à Paris en 2003 pour intégrer l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris pendant un an. Je comptais retourner en Allemagne une fois cette année arrivée à son terme, mais j’ai rencontré quelqu’un et ai décidé de m’installer définitivement en France. Nous avons fondé une famille puis nous avons déménagé dans le Finistère quelques années plus tard. Durant cette période, j’ai délaissé le dessin par manque de temps, à mon plus grand regret…
Comment a débuté votre carrière de dessinatrice ?
J’ai lancé ma page Facebook en 2011, au moment où le dessin commençait vraiment à me manquer. Comme j’affectionne les animaux, je me suis lancé un défi personnel : dessiner un animal par jour – accompagné d’un jeu de mots – et poster le dessin sur ma page. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que j’ai décidé de la nommer Ein Tag Ein Tier (“un jour, un animal”) !
Au fur et à mesure des mois, ma communauté a grandi et j’ai repris confiance en moi. En voyant les commentaires positifs des internautes, je me suis dit que je pourrais peut-être en faire mon métier ! J’ai donc commencé à contacter des maisons d’édition et de presse allemandes. Pour moi, le fait de travailler en allemand et m’adresser à une communauté germanophone me permettait de garder un lien avec mon pays, qui me manquait beaucoup à l’époque. Puis, les choses se sont accélérées en peu de temps. En 2012, j’ai décroché mon premier contrat avec un magazine hebdomadaire suisse qui publie encore mes dessins aujourd’hui. En 2013, une grande maison d’édition allemande m’a proposé de publier un livre à partir des dessins de ma page Facebook. À partir de là, les collaborations avec les journaux se sont multipliés…
Quand avez-vous commencé à travailler pour Gymglish ?
Il y a une quinzaine d’années, j’étais tombée sur une annonce de Gymglish qui cherchait des profils pour enregistrer des textes. J’ai passé les castings, mais ma candidature n’a pas été retenue. Puis, fin 2018, quelqu’un de votre équipe m’a recontactée, cette fois pour me proposer de travailler sur vos illustrations. Autant vous dire que je n’ai pas hésité une seule seconde ! D’ailleurs, je ne pensais pas que notre partenariat durerait aussi longtemps. Cela fait maintenant près de trois ans que je dessine des illustrations pour Wunderbla, Hotel Borbollón et Saga Baldoria.
Je trouve votre équipe très sympathique et talentueuse ; travailler à vos côtés est toujours agréable ! Très vite, j’ai senti que votre équipe appréciait mes dessins, ce qui a boosté ma confiance et ma motivation. J’adore le fait que vous proposiez des cours différents, pas comme les autres, et que vous ne créiez pas de simples leçons, mais des histoires. En tant qu’artiste, le côté décalé et humoristique de Gymglish correspond tout à fait à mon style. C’est donc une collaboration très positive !
Quelle est la source d’inspiration derrière vos réalisations ?
En réalité, je n’ai pas de source d’inspiration particulière. De façon générale, je suis très sensible à ce qui m’entoure : ce que je vois, ce que j’entends et ce que je lis.
Dans mes dessins, j’aborde plusieurs thématiques, dont les principales sont la politique et les enjeux sociétaux. Aussi, j’aime beaucoup faire figurer les animaux dans mes créations, je trouve que l’être humain peut se reconnaître en eux. J’apprécie tout particulièrement les proverbes sur les animaux.
Si vous deviez choisir votre réalisation préférée, laquelle serait-elle ?
Je choisirais cette image créée pour votre cours d’espagnol Hotel Borbollón. J’adore son côté décalé !
En dehors de Gymglish, quelle est votre réalisation la plus controversée ?
J’estime avoir dessiné deux cartoons que l’on pourrait qualifier de “controversés” l’année dernière.
Le premier a vu le jour au moment de la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan pendant l’été 2021. J’ai voulu m’exprimer sur le sujet en sachant pertinemment que c’était délicat. J’ai donc réalisé ce dessin pour le magazine hebdomadaire allemand Stern. Le texte dit “L’Afghanistan après le départ de l’armée occidentale”. On peut y voir des conteneurs de poubelle de recyclage à côté d’une femme en burqa. Certaines personnes ont été offusquées et ont pensé que je mettais les femmes au même niveau que des déchets, mais c’est justement ce que je voulais dénoncer. Comme quoi il existe un réel décalage entre le message que vous souhaitez faire passer et la façon dont il est perçu !
“Verre”, “Papier”, “Autres déchets”, “Femmes”
Dessin de Dorthe Landshulz réalisé pour le magazine allemand Stern en août 2021.
Puis, en novembre 2021, j’ai signé un nouveau cartoon pour Stern ; cette période de l’année coïncidait avec le début des discussions autour de la vaccination obligatoire en Allemagne. En effet, pendant le mois de novembre, les non-vaccinés allemands multipliaient les manifestations pour dénoncer une soi-disant “dictature de la vaccination”. Dans mon dessin, j’ai donc eu l’idée de faire figurer un chien (vacciné bien sûr comme tous les chiens !) qui déguste une bonne bière dans un bar. Son maître, lui, est contraint à rester dehors, car il a refusé de se faire vacciner. L’affiche collée sur la porte lit “Wir müssen leider draussen bleiben“, (“Nous devons malheureusement rester dehors”), phrase souvent utilisé par les commerces pour rappeler qu’un endroit est interdit aux chiens.
Dessin de Dorthe Landshulz réalisé pour le magazine allemand Stern en novembre 2021.
Justement, quel(s) message(s) souhaitez-vous transmettre à travers vos illustrations ?
Avant tout, j’aime retranscrire mon point de vue. Je ne pourrai pas changer le monde avec un dessin mais j’ose espérer qu’ils feront réfléchir. J’aime susciter le débat, mais je ne me considère pas comme une dessinatrice engagée pour autant. Mon but principal est et a toujours été de faire rire ma communauté. L’humour prime avant tout !
Suivez les œuvres de Dorthe sur Instagram et sur ses pages Facebook (en allemand ici et en français ici). Et n’oubliez pas de tester les cours de langues en ligne Gymglish !