Lorsqu’à 13 ans je suis arrivé en classe de quatrième, notre professeur principal nous expliqua que dorénavant, nos résultats en classe allaient être pris en compte dans l’obtention du BEPC (ou brevet des collèges).
Il ne suffisait plus de réussir l’examen en fin de troisième, il fallait aussi avoir de bonnes notes d’ici là. Autre façon de voir la chose : on pouvait désormais se “planter” le jour de l’examen et tout de même obtenir le diplôme. A l’époque, j’ignorais si c’était une bonne ou mauvaise nouvelle. Trente ans plus tard, dans un contexte de réformes (du BAC et de la formation professionnelle en France par exemple), et alors que la plupart des sélections d’étudiants restent fondées sur des examens, reposons-nous la question : examen ou contrôle continu : quelle méthode d’évaluation privilégier ?
L’examen
L’examen est pratique et objectif. Il permet de rassembler un grand nombre d’étudiants pour les évaluer le même jour, dans les mêmes conditions, sur les mêmes sujets. L’examen est universel, à l’image du baccalauréat (en tout cas en France), il teste sur un périmètre commun de connaissances et utilise une grille commune de notation. Dans l’apprentissage des langues, les tests standardisés de type TOEFL, TOEIC ou BULATS illustrent bien l’avantage de l’examen : comme pour le code de la route, une batterie de questions, des QCM, un temps imparti, un score, et tout le monde sur la même grille… très pratique pour les sélectionneurs et recruteurs du monde entier.
De plus, l’examen et le diplôme qu’il délivre constituent un objectif clair, un but, une échéance, un événement. Cet événement, il faut le préparer, ajuster ses efforts d’apprentissage et de révisions en fonction du temps qu’il reste, gérer son stress, travailler sous pression dans les dernières lignes droites, dormir tout de même, rester zen et assurer le jour de l’examen. L’examen ressemble à la vraie vie, et à la vie professionnelle en particulier, avec ses “deadlines”, ses coups de pressions et ses jours J.
En revanche, l’examen ne renseigne pas toujours précisément sur le niveau réel de connaissances des étudiants qui le passent, encore moins sur leur niveau d’ancrage des acquis dans la mémoire. Certains étudiants “bachotent”, apprennent vite et beaucoup, réussissent l’examen, mais oublient plus vite encore tout ce qu’ils ont appris. L’examen est également aléatoire, on peut être bien préparé·e et tomber sur le seul sujet qu’on connaît mal, être malade le jour de l’examen, subir une grève ou arriver en retard. A l’inverse, on peut également arriver peu préparé·e et bénéficier de l’aide d’un voisin qui écrit gros ou avoir la chance de tomber sur le seul sujet révisé. L’examen est un peu manichéen (ça passe ou ça passe pas), ses résultats ne sont pas très nuancés et ne nous renseignent que sur l’état des connaissances des étudiants le jour de l’examen.
Le contrôle continu
Le contrôle continu est pratique également car il évalue les étudiants tout au long de la formation, permettant aux éducateurs de personnaliser leur pédagogie au fil de la formation. Il est objectif également, du moins lorsque les sujets et grilles de notation sont communs à tous les étudiants. Le contrôle continu présente de plus l’avantage de renseigner non seulement sur l’état des connaissances de l’étudiant, mais aussi, grâce à des tests de révisions, sur leur degré d’ancrage dans la mémoire. Il est enfin insensible aux aléas du jour J et beaucoup plus résistant au “bachotage” ou à la triche.
En revanche, le contrôle continu ne propose pas d’événement pour ponctuer la formation. Comme pour le championnat des clubs de football (versus les coupes ou tournois), il n’y a pas de finale, pas d’événement décisif en ligne de mire. Il arrive simplement un jour où l’on compte les points. On perd ainsi le levier de motivation que confère l’objectif du jour J, le travail de préparation sous pression en amont de l’examen (travail qui est en lui-même une compétence à acquérir), on ne teste pas la résistance au stress ni la capacité de l’étudiant à se débrouiller même s’il est malade ou devant un sujet mal maîtrisé. Le contrôle continu ne ressemble pas toujours à la vraie vie.
Un mélange des deux ?
Avec leurs avantages et inconvénients respectifs, l’examen et le contrôle continu semblent tous deux pertinents et complémentaires. Ils permettent d’évaluer et sélectionner avec objectivité, d’informer les éducateurs sur les acquis et leur consolidation dans la mémoire, et préparent au travail sous pression et contraintes de temps.
Dans ce contexte, la réforme du baccalauréat annonce, entre autres choses, qu’en 2021 l’obtention du BAC reposera à 60% sur les épreuves finales, et à 40% sur un grand oral et le contrôle continu. Très pertinent selon nous. C’est également dans ce contexte que, dans la formation professionnelle cette fois, notre certification Gymglish a été agréée en 2015 par la CNCP aux côtés des tests internationaux TOEFL et BULATS : non pas parce que nous étions la première certification d’anglais professionnel émanant d’une entreprise française, mais parce que nous étions la seule à délivrer un diplôme qui soit le fruit d’une évaluation continue de l’étudiant tout au long de la formation. La certification n’a pas la même valeur ajoutée que celle des tests “photo” de type TOEIC, mais ceux-ci n’ont pas la nôtre.
Comme au collège, les deux approches cohabitent et c’est tant mieux pour les éducateurs comme les étudiants. J’ai eu mon BEPC au fait. Sans tricher, enfin sauf le jour de l’examen.
Benjamin Levy, co-fondateur de Gymglish
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